Mon problème avec le microblogging

1/11/2025

informatique réflexion

Depuis sa création en 2006, le réseau social “Twitter”, connu depuis 2023 sous le nom de “X”, s’est imposé comme le premier réseau de microblogging sur internet. Le microblogging est une tendance dérivée du blogging, qui consiste à partager de petits messages, généralement quelques centaines de caractères maximums. C’est une pratique très appréciée, au vu de la polyvalence qu’elle permet, la preuve en est : que ce soit Emmanuel Macron, Paul Mirabel ou Greta Thunberg, tous ont un compte Twitter. Cependant, depuis quelques années, des alternatives sérieuses sont venues concurrencer l’oiseau bleu. Mastodon, BlueSky, NostR, Threads, on est très vite déboussolé dans ce fatras de réseaux tous aussi semblables les uns que les autres. Alors aujourd’hui, je propose de faire une mise au clair là-dessus : j’ai testé toutes les alternatives sérieuses à Twitter, et je vous en donne ma conclusion pour chacun, et lequel j’utilise au quotidien.

Un rapide aperçu sur chaque réseau

Avant toute chose, faisons un petit comparatif des réseaux que j’ai testé, à savoir Twitter, Mastodon, BlueSky, NostR et Threads.

Nom du réseauDate de sortieUtilisateurs (2025)
Twitter (X)21 Mars 2006586 millions
Mastodon16 Mars 20167,7 millions
BlueSkyOctobre 202230 millions
Threads5 Juillet 2023100 millions
NostR202022 000

On voit donc que Twitter surpasse très largement tous les autres réseaux en termes d’utilisateurs, suivis par Threads. Cependant, notons que si l’on compare en fonction de la date de sortie, Threads et BlueSky ont su attirer énormément d’utilisateurs.

Twitter

Commençons par le géant : Twitter. Premièrement, il faut comprendre que Twitter est le premier réseau en termes de “microblogging”, mais il est le “plus petit des plus grands”. Effectivement, si on le compare avec Instagram et ses 2 milliards d’utilisateurs, Twitter fait tout petit. Twitter est encore très largement utilisé, notamment par les personnalités politiques, certains journalistes et marques / influenceurs. Il reste très implanté dans la vie quotidienne, enregistrant 6% du trafic web français en provenance des réseaux sociaux. J’ai découvert Twitter juste avant son rachat par Elon Musk en octobre 2022. À cette époque je n’utilisais pas beaucoup de réseaux de microblogging. Cependant, le rachat de la plateforme m’a fait ouvrir les yeux sur ce monde, et j’ai commencé à m’intéresser à cette façon de partager du contenu. On va très rapidement en arriver aux faits : Elon Musk a complètement détruit Twitter. Actuellement, le réseau pullule de fake news, de trolls, d’insultes et de menaces en tout genre. Elon Musk a licencié une grande partie des employés de Twitter afin de faire des économies, mais cela se ressent sur l’expérience utilisateur : moins de modération, plus de nouvelles fonctionnalités, etc… Le réseau ne m’intéresse plus du tout, Elon Musk en fait son bac-à-sable personnel en y mettant son intelligence-artificielle en place, et se permet absolument tout dessus. Aujourd’hui, Twitter, ou X, est plus devenu un repaire de comptes d’extrême-droite ou de trolls, et est loin du hub communautaire qu’il a pu être à une époque.

Mastodon

Ici, nous abordons un réseau intéressant par son architecture : Mastodon est un réseau décentralisé (et vous allez voir que ce n’est pas le seul dans la liste). Alors avant de continuer, il faut comprendre en quoi consiste la décentralisation. Prenons le cas de Twitter. Il s’agit d’un réseau centralisé. C’est-à-dire que derrière Twitter, il y a une entité unique, en l’occurrence l’entreprise Twitter. Un réseau centralisé se définit donc par un réseau géré par une entité unique. Mastodon, en revanche, est décentralisé. Cela veut dire qu’il n’y a pas une entité en particulier qui gère le réseau, mais plutôt une multitude d’indépendants qui gèrent “leurs” réseaux Mastodon. Le logiciel est “open-source”, cela veut dire que le code de Mastodon est public, et que n’importe qui peut y contribuer, moyennant des vérifications de sécurité évidemment. Et enfin, pour finir avec la liste des spécificités, Mastodon utilise le protocole “ActivityPub” pour la décentralisation. Cela permet de faire communiquer tous les serveurs Mastodon ensemble. Car en effet, chacun peut lancer son serveur Mastodon, on les appelle les “instances”. L’instance principale est mastodon.social. Mais il y en a des milliers d’autres ! On arrive alors à un réseau “décentralisé” composé de plein de serveurs indépendants, qui communiquent entre eux grâce au protocole “ActivityPub”. Bon, j’espère que je ne vous ai pas perdus. Mastodon a effectivement une architecture bien plus complexe que les réseaux classiques. L’architecture “décentralisé” de Mastodon lui permet de résister à la censure, d’être le plus ouvert possible, et de permettre aux utilisateurs de se regrouper par communauté (par exemple, si je suis fan de gaming, je peux rejoindre une instance Mastodon spécialisée dans ce domaine). En plus de tout ça, Mastodon est un logiciel libre, gratuit, géré par une association agrée par l’Union européenne, et qui respecte le RGPD. Cependant, toutes ces caractéristiques techniques viennent avec un problème majeur : la communauté. Effectivement, l’équipe de Mastodon se concentre sur le rajout de fonctionnalités plus que sur le développement de sa communauté, ce qui est tout à leur honneur. Cependant, la communauté est donc très limitée sur Mastodon, 7 millions de comptes, c’est déjà bien, mais reste largement en dessous de Twitter, ou Threads. De plus, vous vous doutez bien qu’une architecture comme Mastodon ait ramené principalement des gens qui la comprennent : la majorité des utilisateurs de Mastodon sont informaticiens, développeur, etc… Ce qui rend les conversations très redondantes. De plus, il faut le dire, la tendance à l’extrême-gauchisme et à la surpolitisation rend l’ambiance dans ce réseau presque lourde. On n’échappe pas à un post politique d’un anarcho-communiste-anti-faschiste-etc… Et l’absence d’algorithme, qui est justifiée par une volonté de “garder le contrôle sur ce que l’on voit” rend la découverte de nouveaux profils extrêmement complexe.

Alors on résume :

Points forts de Mastodon :

Points faibles :

Si vous souhaitez, tester Mastodon, je vous conseille de vous inscrire sur mastodon.social ou piaille.fr, deux instances généralistes et mises à jour très régulièrement.

BlueSky

Fondé en 2022 par Jack Dorsey, l’ancien PDG de Twitter, ce réseau a connu une croissance fulgurante dès sa sortie, en étant le réseau qui a probablement le plus profité de l’exode massif de Twitter suite à son rachat par Elon Musk. BlueSky est lui aussi un réseau décentralisé ! Mais en étant tout de même différents de Mastodon. Premièrement, il utilise un autre protocole pour faire communiquer les différents serveurs : le protocole “AT Protocol”. Un protocole développé par l’équipe de BlueSky eux-mêmes. Il faut par contre être informé que beaucoup de gens critiquent la décentralisation de BlueSky, en effet, la possibilité de lancer son propre serveur a mis beaucoup de temps à arriver, et n’est aujourd’hui encore, pas encore parfaitement implémentée. Personnellement, cela ne me dérange pas trop, l’équipe travail d’arrache-pied dessus, et vous pouvez dès maintenant lancer votre propre serveur, il faut par contre s’attendre à quelques imprévus. Mais ils se rattrapent largement en proposant des fonctionnalités uniques et très pratiques comme les feeds personnalisés. Vous pouvez en effet avoir plusieurs fils d’actualités BlueSky, gérés par algorithme ou non, en fonction de vos préférences. Par exemple, vous avez votre fil de comptes suivis, puis un fil réservé aux publications sur l’astronomie, ou le sport. Une autre fonctionnalité unique sur BlueSky : les starter-packs. Particulièrement pratiques pour les nouveaux venus, les starter-packs sont des listes de comptes sur un thème précis, créées par les utilisateurs. Vous pouvez par exemple suivre le starter-pack “Journalisme Français” et vous retrouvez à follow tous les journalistes français de BlueSky. Très pratique pour commencer votre expérience sur le réseau ! La communauté de BlueSky est également plus développée que celle de Mastodon, il y a beaucoup plus de centres d’intérêts couverts sur BlueSky que sur Mastodon. Je finirais cette rubrique en nuançant tout de même : la modération de BlueSky a été alpaguée par de nombreux utilisateurs ces dernières semaines pour avoir “abusé de leur pouvoir”. Si l’équipe s’est excusée et a promis que cela ne se reproduira plus, il est important de garder en tête que BlueSky a une modération plus centralisée que Mastodon, et que, par conséquence, BlueSky a plus de chances de devenir comme Twitter. En conclusion :

Points forts de BlueSky :

Points faibles de BlueSky :

Threads

On passe maintenant au dernier réseau sorti en date, celui de Méta : Threads. En premier lieu, Threads est centralisé et géré par Méta (la société derrière Facebook et Instagram). Threads a profité de l’influence de Méta pour s’attirer une communauté folle : plus de 100 millions d’utilisateurs ! Mais il possède une petite particularité : il a intégré ActivityPub ! Le protocole qu’utilise Mastodon pour la décentralisation. C’est plutôt inhabituel pour un outil de Méta de vouloir utiliser un protocole ouvert. Dans l’idée, un utilisateur Mastodon pourrait suivre et interagir avec un utilisateur de Threads. C’est très bien pour l’interconnectivité des réseaux, mais le côté profit que Méta cherche dans tous ses produits en prend logiquement un coup. Après, il faut nuancer beaucoup de choses là-dessus ! Threads avec ActivityPub n’est disponible qu’aux utilisateurs américains. En Europe, on est loin d’y avoir accès à cause du RGPD. En effet, par l’utilisation d’ActivityPub, Threads collecte une grande quantité de données qui lui est inutile à son fonctionnement primaire, l’Europe a alors interdit à Threads d’utiliser ActivityPub en Europe, et cela n’est pas prêt de changer. La communauté sur Threads est logiquement très établie, cependant, j’avoue que l’omniprésence de l’algorithme sur la plate-forme me rend réticent à son utilisation : je n’ai pas l’impression de contrôler grand-chose dessus, certains ont même dit que “Threads est basiquement un TikTok mais avec des mots”. Sinon, le réseau reste très classique.

Points forts de Threads :

Points faibles de Threads :

NostR

On finit par le dernier : NostR. Ce réseau est lui aussi décentralisé et open-source, mais d’une autre façon : avec la blockchain. En effet, NostR est une application Web 3, appartenant à ce monde des cryptomonnaies. La communauté est extrêmement faible, à peine plus de 20 000 utilisateurs, et une absence complète de communauté française. De plus, la petite communauté de NostR est composée très, très largement de crypto-nerds, influenceurs cryptos etc… Bref si vous n’aimez pas parler BitCoin, ce réseau n’est clairement pas pour vous. Il y a un éco-système grandissant sur NostR, quelques applications mobiles, web, etc… Mais rien de très impactant, et j’ai remarqué que beaucoup d’applications Android étaient très mal optimisées et avaient tendance à ramer… Je n’ai pas grand-chose à dire sur ce réseau… je l’ai testé pendant quelques jours, puis l’omniprésence du sujet des crypto-monnaies m’a lassé.

Points forts de NostR :

Points faibles de NostR :

Mon problème avec le microblogging

Si vous êtes encore là, vous vous dites sûrement “ça fait beaucoup n’empêche !”. Et je vous répondrais : “oui”. Et c’est ÇA mon problème avec le microblogging, j’ai voulu tester absolument toutes les alternatives à Twitter. Alors évidemment, aujourd’hui je connais à peu près toutes les plate-formes de microblogging sérieuses. Mais finalement, est-ce vraiment si intéressant ? En voulant tester toujours plus de plate-formes, je ne me laissais pas forcément le temps de me poser sur une d’elles. C’est pourtant important, c’est en passant du temps, parfois beaucoup de temps, sur une plate-forme qu’on y prend ses marques, ses repères, qu’on commence à trouver des comptes à suivre etc… Alors une fois que j’ai compris ça, j’ai décidé de me poser sur une plate-forme principale.

Quel réseau j’utilise ?

J’ai définitivement arrêté d’utiliser Twitter depuis plusieurs mois. Aujourd’hui, j’utilise au quotidien BlueSky. Sa capacité à offrir à l’utilisateur une maîtrise complète de ses feeds et sa communauté élargie m’ont convaincus !

Cependant, je ne peux que vous conseiller de tester les réseaux ci-dessus pour vous en faire une idée précise vous-même, qui sait, peut-être que vous vous prendrez d’affection pour NostR ?

Richalgue Mëi | ©